Oussama l'Afghan
L’Afghanistan, un pays, une terre ou le citoyen lambda n’appréhende pas les enjeux de la présence occidentale. Près de quatre cents pages plus tard « L’Homme de Kaboul » m’a ouvert les yeux sur les turpitudes de ce monde. Une écriture fluide et nerveuse à la fois m’a emmené dans ces contrées lointaines. Sous forme de roman, Cédric Bannel nous montre ce qu’est la réalité de certains conflits qui agitent la planète. Des personnages attachants, une documentation et une excellente connaissance du terrain font de cette histoire un livre qui interroge. Oui au travers d’Oussama (prénom oh combien célèbre) et de ses collaborateurs, nous pénétrons dans les arcanes de la police afghane. Nous sommes atterrés et souvent surpris par les dégâts engendrés par la cupidité, la bassesse et le pouvoir. Ici le cocktail épouse la rudesse du sol, le poids des traditions et de l’obscurantisme. Ce curieux mélange nous fait approcher au plus près la géopolitique qui secoue cette région. Des intérêts et des enjeux font s’affronter des officines paramilitaires sous couvert de sécurité. Et au milieu de ce marigot nauséabond, un peuple qui souffre, un peuple déchiré, démembré, ou les femmes sont les premières victimes de mentalités moyenâgeuses. Corruption et religion cohabitent harmonieusement sous le regard bienveillant du pouvoir en place.
Bref un livre choc, sur un sujet plus près de nous qu’il n’y parait. Cédric Bannel a réussi le tour de force de me faire aimer ses héros, de me donner envie de connaître davantage cette culture et son histoire.
Je ne peux terminer ce petit billet sans y joindre ce texte que j’ai écris en mai 2001 :
« Femmes Afghanes »
Fléau et honte de cette humanité
Avec vain prétexte de fanatisme
Croyances révolues obscurantisme
Souffrances drapées uniformité
Cœurs et chairs femmes afghanes
Désir et beauté ont fuis vos visages
Désespérance encrée à vos rivages
Qu’ont-ils fait belles persanes
Perdues couleurs du raffinement
L’art a quitté son berceau oriental
Destruction et néant en délire total
Pourquoi ce tortueux cheminement
Elles ont laissé leurs beaux effets
Pour vivre nues derrière les grilles
Leurs âmes tristes sont en vrilles
L’intégrisme assène ses méfaits
Ils revivent des passés médiévaux
Fragiles et fortes dans leur camisole
Qui du monde par contrainte isole
Elles rêvent au galop des chevaux
En songe loin elles se profilent
Fuyant et jetant leurs détresses
Telle Ariane dans leur forteresse
De l’écheveau elles suivent le fil
Luttant habilement contre l’ignorance
Avec certitude passion et flamme
Le courage est la vertu de ces femmes
Puisant en solitude force et résistance
Derrière leur dur grillage de barbelé
Elles pensent à la soie et la dentelle
Pour redevenir enfin belles et telles
Beautés maquillées aux fleurs de lait
Belles Persanes aux doigts de fées
Où sont vos chefs d’œuvres en lacis
Paysannes dans la fraicheur des oasis
Oublierez-vous un jour leurs méfaits
Vous êtes la création et l’énergie
Ils sont les geôliers de leur prison
Vous êtes gardiennes de la raison
Ils sont la nuit la fin de la bougie
Votre guerre s’appelle la vraie vie
L’espoir guide et éclaire votre regard
Vous l’abordez sereinement sans fard
En construisant peu à peu vos envies
Esclaves des fous femmes afghanes
Ah non seulement des prisonnières
Malgré l’habit droites fières et altières
Comme vos mères belles persanes
Avec l’appui de chaque cœur qui bat
Femmes avec vos corps et vos mains
Vous façonnerez et construirez demain
Lumière et liberté sont votre combat