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L'homme de Kaboul
24 février 2011

Kaboul ville en berne

Par Eireann

Note : 4 / 5.
Religion ou corruption ?*
Dépaysement assuré pour moi avec ce livre qui n'est pas dans la version définitive mais dont je vais lire une « seconde épreuve ». C'est amusant d'avoir ce genre de collector dans les mains. Par contre je ne connais pas du tout cet auteur, ni l’Afghanistan non plus d'ailleurs.
Le suicide à Kaboul d'un petit trafiquant intrigue Oussama Kandar, policier intègre, mais c'est surtout la présence sur les lieux d'un ministre et d'un chargé de la protection du président lui-même qui semble disproportionné!
À Zurich, la mort d'un jeune homme sous les yeux de Nick, son collègue, est brutale, tout cela pour un homme en fuite! Conseiller financier de haut niveau, il a disparu mystérieusement, mais est-ce que cela mérite que l'on abatte de sang froid un homme!  Puis Nick découvre un  groupe de sigles et une inscription mystérieuse « Dossier Mandrake » sur un protège CD. Quel est le lien? Pour le savoir nous suivons les deux récits en parallèle, l'un en Suisse, l'autre en Afghanistan, le pragmatisme politique du mystérieux groupe nommé « L’Entité » décidant des événements subis à Kaboul. Nick va tenter de la découvrir ; il interroge une escorte girl, cliente régulière de Léonard, le fugitif, qui lui parle d'une dénommée Yasmina....A Kaboul, Oussama Kandar est obligé de mener son enquête de manière quasi-clandestine, car elle semble déranger en haut-lieu...Du cloaque de certains quartiers de Zurich aux attentats de Kaboul.....le monde ne tourne plus très rond ! La capitale afghane, une ville en plein chaos dans un monde et une époque où ni Dieu, ni Allah ne reconnaissent les leurs...
Oussama Kandar est un policier à l'ancienne, il a appris son métier en URSS ; il représente à lui tout seul toutes les contradictions de la société afghane. Il déteste les talibans, mais prie régulièrement et considère que le tchador est une coutume qu'il faut respecter ce qui lui vaut de fréquentes disputes avec son épouse très progressiste! Il est monogame et rejette les différences tribales qui sont pourtant monnaie courante dans la vie de tous les jours, surtout dans la police et dans l'armée. Son intégrité lui a permis de toujours garder son poste, mais dans ce roman il a fort à faire. En effet la corruption est omniprésente dans Kaboul, et dans le reste du pays aussi.
Nick est un excellent analyste, l'action n'est pas son point fort, mais la mort de son ami Werner, tué par un membre de la force armée de l'Entité pour laquelle il travaille, le choque. Lui aussi semble trop idéaliste dans les méandres d'un monde souterrain impitoyable.
Un autre personnage intéressant est le mollah Bakir, musulman modéré, adepte de la bonne chaire et qui semble au courant de tout ce qui se passe dans la ville et homme à l’influence considérable. Joseph, lui, n'est pas un saint mais plutôt le bras armé de « l'Entité » semant la mort....
Un ouvrage très intéressant et très documenté qui permet d'appréhender un peu mieux l'imbroglio que représente ce pays à nos yeux d'occidentaux! Car honnêtement, beaucoup de choses me dépassent. Il est, je pense, relativement difficile d'échapper à la religiosité absolue et stupide ou à cette corruption généralisée, qui semble être un sport national. La question subsidiaire pourrait être : où passe la manne d'argent déversée sur ce pays ! Sans oublier le principal problème, la culture du pavot et la narco-économie qu'elle génère qui, d'après des chiffres non officiels bien évidement, ferait vivre deux millions de personnes !
Un bon livre mêlant récit d'espionnage et roman policier dans un panier de crabes à la sauce orientale particulièrement relevée ! Et il me semble une étude sociale qui colle au plus près de ce que l'on peut apprendre en lisant les informations mais sans réellement comprendre ce qui est mon cas. Entre la cupidité du monde politique et l'obscurantisme des fanatiques religieux, quel peut être l'avenir de la population?
Une phrase a particulièrement retenu mon attention, et qui prouve que tout s' achète et tout se vend, mais que je trouve particulièrement choquante:
- Il paraît que tu veux une seconde femme, nous serions heureux de t'aider à l'acquérir en échange de tes services.
Une touche d'humour et de dérision afghane pour terminer :
- C'était devenu une blague à la mode de se classer en trois catégories : les al-Faïda, ceux qui s'étaient  enrichis; les al-Qaïda, ceux qui combattaient et les al-Gaïda, ceux qui se faisaient avoir....
Extraits :
- Ceux qui parvenaient à échapper aux attentats, aux gangs, aux règlements de comptes, aux crimes familiaux et aux fatwas lancés par les talibans étaient assez peu portés sur le suicide.
- Les suicides sont souvent des histoires tristes, c'est vous qui l'avez dit.
Tristes, d'accord, mais pas invraisemblables.
- De près, l'usine désaffectée était encore plus effrayante. Werner eut un ricanement.
La cathédrale de la dope.....
- Je préfère les communistes aux talibans. Au moins, avec eux, les femmes avaient des droits.
- Elle ne voulait pas épouser mon ami, mais lui avait la priorité. Il a payé ses parents. Il est très heureux.
- La corruption est une gangrène. Si nous ne faisons rien, elle ramènera au pouvoir ceux qui coupent les doigts des femmes.
- Un pays libre, tourné vers la modernité, libéré des intégristes, sans corruption.
- L'armée ne contrôle
rien au-delà du parking de cette caserne. Et encore.....
Éditions :  Robert Laffont (2010).
*
Il y a-t-il un autre choix?

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