Fabeli et L'Homme de Kaboul
Canalblog m’a proposé de participer à un concours pour gagner un bon d’achat chez Robert Laffont. Il s’agissait de lire en avant première le dernier roman de Cédric Bannel…patron de Canalblog !
En
bref, il s’agit de faire du buzz, de ramdam, de la rumeur, quoi
!
Nous partîmes 120, combien arrivèrent ?
Moi, en tout cas,
je suis arrivée au bout du bonhomme de Kaboul.
La vérité, rien
que la vérité ? Ce genre de thriller politico-policier, ce n’est
pas ma tasse de thé habituelle. Mais je suis une fille de parole,
cochon qui s’en dédit !
Donc j’ai lu.
Ça commence
comme ça :
-A
quoi pensais-tu en appuyant sur la détente ? demanda Oussama
-A
appuyer sur la détente.
Là,
déjà, dans le début, vous avez un aperçu d’une partie de la
situation. Ils sont un bon nombre, au fil des pages, à ne pas penser
à grand chose en appuyant sur la détente. N’oubliez pas le gilet
pare-balles, ça canarde sec chez Bannel.
Kalachnikov, fusil
d’assaut, lance roquette, Beretta, GSH18… Et nous en sommes
seulement à la page 15 ! ! !
Vous ai-je dit que la plus grande
partie de l’action se déroule à Kaboul
?
Ceci explique sans doute cela.
Kaboul,
capitale de l’Afghanistan, presque 3 millions d’habitants, ses
grands hôtels de luxe, ses souks, ses ruines de guerre, ses
chantiers de reconstruction, ses attentas suicides, ses soldats à
tous les carrefours, ses terroristes…
Une ville où il doit
faire bon vivre, sûrement. Une ville qui ne demande qu’à renaître
de ses cendres, à se reconstruire, une ville grouillante d’activités
humaines.
A Kaboul comme ailleurs, on aime, on rit, on meurt… et
certains, justement, aimeraient bien qu’on meure un peu moins à
Kaboul, surtout bêtement, à cause d’un petit malin qui s’équipe
d’explosifs comme d’autres se parent de bijoux et s’en va faire
un tour dans la foule bien dense d’un marché, d’un bar, d’un
autobus.
Oussama
Kandar
fait partie de ceux-là (non, pas ceux qui s’envolent au paradis en
miette, ceux qui cherchent à rendre Kaboul vivable)
Oussama,
on le classe tout de suite du côté des gentils. Bon flic, bon mari,
bon soldat, bon musulman. Et modeste avec ça ! Le type qu’on rêve
d’avoir comme voisin. Il essaie de rester gentil malgré un
environnement peu propice à la bienveillance. Corruption, délation,
passe-droit, abus de pouvoir, arrestations arbitraires, tortures,
obscurantisme...
Bienvenue à Kaboul !
Il faut toute la grandeur d’âme et la sincérité d’un héros pour résister encore et toujours à l’horreur quotidienne. Mais il y croit, Oussama ! Il veut croire que son pays saura vaincre la bêtise humaine et se redresser, fier et libre. Alors il se bat chaque jour, avec l’aide de ses amis et de son dieu, pour éloigner le spectre du retour des Talibans. Et on veut y croire avec lui (la lecture de ce livre avait d’ailleurs une résonance bien particulière avec les articles de journaux qui suivent de près l’actualité en Tunisie et en Egypte)
Je
ne vous parlerai pas de l’intrigue tissée par l’auteur autour de
« l’homme de Kaboul » C’est une intrigue bien ficelée, avec
son lot de mystères, d’enquêtes rebondissantes, de poursuites
haletantes (et mitraillantes !), de découvertes exaltantes.
Je
ne vous parlerai pas de l’imbroglio politique qui justifie cette
intrigue. C’est un imbroglio bien ficelé, avec ses politiciens
véreux, ses espions secrets, ses ressorts cachés, ses magouilles
financières qui jonglent avec l’argent public sous le nez de
« naïfs » chefs d’états.
Moi,
je vous parlerai juste d’une ville en devenir, dans un pays qui ne
veut pas s’avouer vaincu. Un pays meurtri mais vivant et bien
décidé à le rester.
Oussama Kandar, mollah Bakir, Malalaï et
son réseau de femmes… Ce sont des personnages de fiction, mis en
scène selon la volonté littéraire d’un auteur. Mais en me
donnant envie de lire jusqu’au bout son histoire, Cédric
Bannel
m’a convaincue qu’il existe aujourd’hui des hommes et des
femmes qui ressemblent à ses héros. Des hommes et des femmes de
chair et de sang qui doutent, qui tâtonnent, qui agissent, cherchant
une voie vers la liberté dans un pays qui n’a rien de fictif.